À Tríkala, à l’étroit !
La région de Tríkala en Thessalie de l’ouest dont je suis originaire, en premier lieu son chef-lieu homonyme, sont connus pour leurs compositeurs et virtuoses de la musique populaire grecque. Celle que l’on désigne souvent sous le générique de chansons appartenant de près ou de loin au genre Rebétiko, large forme musicale associée à l’expression culturelle des classes populaires et des marginaux essentiellement urbains, à partir du début du XXe siècle.
Vassílis Tsitsánis, né à Tríkala. Compositeur et virtuose du bouzouki
Lorsqu’en 1938 Vassílis Tsitsánis compose et chante “À Tríkala, aux deux venelles, ils ont tué Sakafliás”, titre qu’on peut également traduire “À Tríkala, à l’étroit”, sa chanson devient sitôt un disque de 78 tours, enregistré en 1939 par His Master Voice qui est un très grand succès. Tsitsánis ferait ainsi renaître par la musique et la chanson, la légende tristement populaire de Sakafliás.
Car pour l’histoire, le malfaiteur notoire Sakafliás, Charílaos Charalámbous de son vrai nom, fut un “héros” de la pègre athénienne des années ‘20, et de ce fait, il avait été incarcéré à la prison de Tríkala, ce que la chanson désigne par “aux deux venelles”, autrement-dit “à l’étroit”, entre les murs de la prison.
Le malfaiteur Sakafliás. Années 1920 (Presse nationale) de l’époque
Il faut également considérer la production culturelle directe ou indirecte liée à Sakafliás. C’est sous cet angle, qu’on pourrait alors apprécier toutes les nuances du texte autobiographique de l’écrivain et poète Yórgos Ioánnou, que nous présenterons par la suite.
Un récit, tiré de l’expérience du jeune professeur qu’il fut Ioánnou, entre 1956 et 1957 au pays des “Sakafliás”, quand il avait enseigné les lettres classiques et modernes au sein d’un des lycées privés de Tríkala. Le clivage entre les contrées alors profondes de la Grèce et les deux grandes villes, Athènes et Thessalonique, demeure plus que latent à travers ce récit d’Ioánnou. L’écrivain et poète n’a d’ailleurs jamais oublié depuis, son passage “formateur” par la Thessalie.
Lycéens en uniforme et leurs professeur. Tríkala, années 1950
Ces derniers ont été durant près de cinquante ans, les… dignes représentants de l’ordre impératif, le tout, sous un État de droit plutôt ferme, et surtout de la droite. Cependant en amont et pour mieux pénétrer ce triste contexte historique grec, notons que la ville de Tríkala avait été placée sous l’entier contrôle des forces armées et de l’administration du parti communiste grec, entre le 18 octobre 1944 et le 3 mars 1945. Une période certes brève, sauf qu’elle a laissé autant de traces, parfois ensanglantées. Le tout, sous la meurtrière ironie du conflit fratricide, sachant que ceux qui se sont entretués, étaient les seuls et mêmes enfants issus des classes populaires.
Yórgos Ioánnou, jeune professeur. Années 1950
“À Tríkala, aux deux venelles”
“Si on me demande ce que je retiens vraiment de Tríkala de 1956, fraîchement arrivé pour y enseigner, je dirais que je me souviens des odeurs quotidiennes de grillades, perceptibles même à l’œil nu à travers les rues, de tant de belles couvertures traditionnelles en laine, surtout celles en couleur crème, à l’occasion étalées dans les clairières sous le soleil lors des flâneries familiales, tout comme je me souviens des restaurants et de leurs dizaines de plats aux portions énormes, du marché local chaque lundi qui est l’un des plus pittoresques, probablement le plus pittoresque du pays.Sans oublier tous ces popes et tous ces gendarmes à foison, puis des cafés merveilleux, dont un restant ouvert toute la nuit depuis démoli, de la promenade dominicale dans la rue démesurément large d’Asklépios et même, de cette rivière aux trois ponts. Celui du milieu surtout, doté d’une splendeur qui ne tombera pas dans l’oubli, quelle que soit l’eau qui coule sous sa rivière Lithéos.1
La rue large d’Asklépios. Tríkala, années 1950
Et bien entendu, j’ignorais toutes ces conditions bien particulières, nées de la situation d’une ville posée au sein d’une riche région agricole, une richesse jusque-là il faut dire réservée à une oligarchie de la terre, tout comme j’ignorais encore tout de la composition d’une population largement autochtone, dont même si ses arrière-arrière-grands-pères ne sont pas issus de la ville, en tout cas, ils viennent tous des environs.
La prison historique abandonnée. Tríkala, années 2000
Je savais certes tout cela mais à moitié, j’en avais tant lu dans les journaux, mais c’est une chose que de voir et de sentir en ces lieux les cicatrices ou les bravoures, et une autre que seulement les imaginer de loin ou sinon les préjuger.
Je tiens à préciser que sur place, j’ai eu des conditions quelque peu favorables, pour que l’impression donnée, plutôt inhabituelle des lieux, puisse être ancrée en moi rapidement, sauf sinon, pour déchiffrer d’emblée la psychologie et l’attitude profonde des habitants.
Je suis cependant fier que mon séjour de deux années consécutives à Tríkala et ma relation avec diverses personnes issues des rangs de sa société, heureusement non pas ces gens que l’on dit souvent éminents, ni uniquement mes collègues enseignants. Ces gens alors humbles, m’ont aidé à comprendre suffisamment, voire à sympathiser fortement avec cette contrée thessalienne et avec son peuple. Maintenant, quand je parle ou j’écris au sujet de notre vie locale grecque, je m’appuie fortement sur cette expérience, car je la considère comme un échantillon juste, ainsi pris depuis le cœur du pays.
La prison, transformée en musée Tsitsánis. Tríkala, 2023
Parce que sinon, rien ne me prédestinait à atterrir dans un tel camp de brousse. Car je fus même un temps ce jeune si arrogant pour avoir été chargé de cours à l’Université, sombre expérience il faut préciser ! Cependant, entre Pétros et moi à l’école, tout se passait alors bien. Il a apprécié mon travail, j’ai également reconnu son honnêteté et son intégrité.
Et quant à sa personnalité ? C’était un homme intelligent, bon dans sa science, dur dans son travail et assez irascible, puis-je dire. Il avait un associé mais qui restait dans l’ombre, le pope Vendístas, c’est pourquoi, pas mal, voire même beaucoup d’enfants de popes fréquentaient notre Lycée. Le jour des inscriptions pour chaque année scolaire, le bureau et le couloir étaient pour cette raison complètement noirs, ceci par la présence des soutanes. Toutefois, la plupart des élèves étaient extrêmement vifs, de sorte que les incidents qui se produisaient dans les salles de classe, n’étaient guère rares.
La prison, avant sa transformation en musée Tsitsánis. Tríkala, 2016
Une autre école privée à l’époque et qui se trouvait en concurrence avec la nôtre, fut l’excellent lycée privé de Tsilimíngas, où deux de mes camarades d’Université, Archontís Mósialos et Kóstas Topoúzis, y enseignaient.
Lycéens en excursion aux Météores. Tríkala, années 1950
C’était d’ailleurs juste, sauf que ce n’était qu’une partie de la vérité. Car il faut dire que quatre hommes et leur destin, dominaient encore les esprits à Tríkala à cette époque, pour ne pas dire qu’en même temps, ces quatre hommes faisaient même vibrer une certaine Grèce. Saráfis2 et Velouchiótis3 puis bien entendu, Tsitsánis et Sakafliás.
Parmi eux, un seul est encore vivant aujourd’hui, Vassílis Tsitsánis. À cette époque, deux étaient de ce monde, Saráfis et Tsitsánis.4 Quand Saráfis a été tué, j’étais à Tríkala et je peux confirmer qu’en surface au moins, rien n’a bougé, pas la moindre réaction populaire. Tout le monde a fait semblant de ne pas prêter beaucoup d’attention aux nouvelles et bien sûr, personne n’osait dire que ce meurtre, ne ressemblait pas vraiment à un accident.
Le marché local. Tríkala, 2022
Au même moment, les agents de la Sécurité de l’État y étaient omniprésents, et sans leurs laisser-passer on ne pouvait même pas faire un seul pas en dehors de son domicile. Le jour des funérailles de Saráfis, ces agents arpentaient d’ailleurs sans cesse et dans les deux sens la rue d’Asklépios, où se situait d’ailleurs leur Commissariat.
On ne pouvait donc pas faire un seul pas dehors, à l’exception des “récalcitrants connus”, ceux qui parmi nous, restaient disons fermes dans leurs convictions et ils l’affichaient, n’ayant plus grand-chose à perdre. Et quand plus tard j’ai enfin percé l’épaisse croûte sociale et réussi à en discuter ouvertement, non pas avec mes collègues bien sûr, dont pour la plupart ils avaient déjà acquis toute la psychologie des rats, j’ai découvert sitôt chez les humbles, par quel emballement alors profond, cette mémoire de Velouchiótis et de Saráfis était encore vivantes. Puis finalement, à quel point ces convictions profondes des gens du peuple, furent en fin de compte bien tenaces.
“À Tríkala, aux deux venelles”. Musée Tsitsánis, Tríkala, août 2023
Les représentants de l’EDA, tenaient un meeting dans un cinéma de la ville ; déjà, parce qu’on ne leur avait pas accordé de lieu de rassemblement public, ne sais-je plus par quels prétextes.6 À partir de midi, la ville s’est brusquement remplie de gendarmes, apparemment descendus des villages environnants.
Dans l’après-midi précédant le meeting, on pouvait ainsi saisir le spectacle suivant de la rue d’Asklépios. Trois rangées consécutives de policiers, tenus à distance entre eux, rangées il faut dire, réparties sur toute la largeur de la rue faisant face à la gare. Il y avait probablement d’autres lignes semblables, contrôlant les autres passages probables que la foule pouvait alors emprunter pour se rendre au meeting.
Tous ces gendarmes disposés de la sorte, certes ils ne nous empêchaient pas de passer à travers eux afin de rejoindre le lieu du meeting, ils ne nous faisaient pas de remarques non plus, cependant, il fallait tout juste se faufiler entre eux et même légèrement les écarter en les touchant, pour seulement ensuite les dépasser.
Fête nationale et défilé d’écoliers – scouts. Tríkala, années 1950
Seuls ceux, ayant déjà trop mouillé leur chemise, osaient se faufiler de la sorte entre les carrures des gendarmes et des policiers et effectivement, ces derniers, ils s’en fichaient. Pour nous, rejoindre le meeting était alors chose impossible, nous avons donc traversé d’autres rues, puis un autre pont, celui qui nous conduisit tout droit vers un cinéma, le plus populaire qui soit à Tríkala. C’est à ce cinéma qu’en ce moment il était projeté le film “Alexandre Nevski” d’Eisenstein, et qui venait tout juste de sortir en Grèce.
Bien sûr, nous avions si peu compris du film et probablement autant peu vu, car la bobine était trop usée et les projecteurs de la salle pitoyables, cependant, même ces petites victoires vécues de la sorte, elles étaient pour nous d’un grand réconfort à l’époque.
Cinéma. Tríkala, années 1950
Et désormais, à la sortie de la salle de cinéma, chacun parmi nous se croit le prince Nevski, Zapata ou Julien Sorel pendant que nous nous dirigeons vers la gare pittoresque en cette province oubliée. Sauf qu’il ne s’agit guère de partir, d’ailleurs pour aller où, puisqu’en amont de Tríkala on tombe sur la ville de Kardítsa, ou qu’en dépassant Tríkala, on aboutit sinon à la bourgade de Kalambáka et à ses Météores.7
Il faut dire que rentrer chez soi, c’est plutôt pour se réfugier dans sa petite maison pittoresque, située au 31 de la rue Eleftherías. Ici, le mur de sa chambre est “décoré” d’une fissure allant d’en haut jusqu’en bas, d’où l’on peut entrevoir le ciel allongé dans son lit, mais ce n’est guère inquiétant, déjà parce qu’on n’était pas là quand tout cela s’est produit. On l’a trouvée cette fissure ici, toute prête et d’ailleurs, on n’a pas la tête à s’en occuper, et même on n’a plus simplement toute sa tête.
Au 31 de la rue Eleftherías. Tríkala, années 2010
Et quelques jours plus tard, alors que l’on ne cesse de se demander ce qu’aurait vraiment souffert cette contrée dans les années ’40, Guerre civile surtout comprise, voilà que la femme à qui appartient notre logement, se met à raconter son histoire du capitaine Aris Velouchiótis, et à l’écouter, son récit nous laisse alors sans voix.
“Voilà, écoutez-moi, Aris est bien passé par là, il a emprunté notre rue pour entrer à Tríkala. Lui et ses gars. Aris sur son cheval blanc, était en tête et juste derrière lui, notre Pétros accompagné d’autres gars montés tous sur leurs chevaux”. Et quand la mère s’arrête, c’est sa fille, Angelikí, désormais décédée depuis des années, qui reprend le fil du récit.
“Par onze fois, ceux des gangs des milices sont venus s’emparer de notre Pétros. Je les retardais à la porte d’entrée, jusqu’à ce que Pétros saute le mur mitoyen de la maison et se précipite chez les voisins”. Angelikí… nous racontait tout cela, avec le sourire. Et la mère de poursuivre.
“Ils ont suspendu les têtes coupées sur la place centrale. Mais ce que nous avons vu n’était pas la tête d’Aris, Aris était si beau. Ils mentent en disant qu’ils l’ont tué, Aris se cache toujours dans nos montagnes” Et nous sitôt, surtout quand on est lettré, on ressent à l’écouter un frisson terrible. Cette femme n’a pas vu le film “Viva Zapata”, elle n’est sans doute jamais allée au cinéma. Pourtant, elle attribue à Aris la même fin légendaire que celle de Zapata.
Les têtes de Velouchiótis et de Tzavélas. Tríkala, juin 1945 (presse nationale)
Tout comme nous de Thessalonique, nous n’osons guère montrer… de manière apparente l’endroit où Lambrákis a été assassiné, seulement nous disons s’adressant aux autres, “qu’il faut faire attention où mettre ses pieds”, pour même en rajouter sans autre explication.“Un jour ici, il sera érigé un digne cénotaphe”.10
Et voilà que ces jours-là, fut le moment des élections législatives, et que nous sommes partis exprès de Trikala, afin voter dans nos villes d’origine. Et à notre retour, nous avons sitôt branché la radio pour savoir si notre parti de l’EDA, malgré les adversités, a pu faire son entrée au Parlement, suite au décompte de la deuxième distribution des sièges.
Le fameux poteau en béton et son lampadaire. Tríkala, années 1950
Le lendemain au restaurant de Milítsis, ces gars pitoyables qui sont soi-disant nos collègues mais en réalité ils nous surveillent et ils nous espionnent, s’adressent enfin à nous.“Qu’est-ce que tu veux ? Après tout, ces Cocos se sont rendus aux urnes”. Et nous, nous baissons toute notre tête sur notre assiette, le temps tout juste de dissimuler notre regard, devenu ce dernier temps finalement bien trop éloquent. Et bien sûr, rien ne change en apparence pour personne d’entre nous, quand nous nous consacrons à notre sujet favori, à savoir… l’étude anatomique et psychologique de nos pairs.
Sous la forteresse. Tríkala, 2023
Ensuite, nous commençons tout juste à résoudre le mystère qui consiste à se demander pourquoi et comment Tríkala est devenu l’un des rares berceaux du chant Rebétiko, car ce n’est pas seulement Vassílis Tsitsánis qui vient de Trikala, c’est aussi Apóstolos Kaldáras, autant grand représentant des passions du néo-hellénisme, exprimées de la sorte par les sons du Rebétiko.
Car, quand on se déplace ou qu’on se balade à Tríkala, autant que possible dans l’obscurité de la nuit en compagnie des amies Voúla et Vénétie, ainsi que du compère Mihális, cela jusqu’aux bistrots en lieux excentrés du centre-ville, on n’y arrive toujours pas à pénétrer ce mystère. La vraie vie, elle doit être ici finalement très souterraine.
Yórgos Ioánnou et Vassílis Tsitsánis. Athènes, années 1960
On ne pense certes pas que cette vie souterraine et tellement marginale, ait quoi que ce soit à voir avec le Rebétiko. Néanmoins, ce que l’on peut penser, c’est qu’il y a ici un type d’humain particulier, pas très affligé, ni particulièrement affamé, un gars dont les ancêtres furent certes des serfs de la terre bien sûr, mais serfs alors rassasiés, puisque la terre ici a toujours donné de sa production abondante pour bien nourrir les animaux, laissant toujours quelque chose… aux gens laborieux.
Ici, on est bien est loin de la figure du Grec affamé des îles de l’Égée, comme on n’y rencontre guère le type du paysan macédonien toujours mal informé et apathique, mais celui du Thessalien bien nourri et assez rassasié pour distinguer un peu au-delà de sa bulle, histoire aussi de revendiquer une part des sentiments communs, se rendant compte de l’écoulement de la vie, et ainsi revendiquer finalement sa part du rêve.
Musée local. Région de Tríkala, 2022
Très souvent, l’apparence et le comportement des jeunes Trikaliótes sont si fortement masculins, que l’on ose y voir en eux, ces mêmes gars brossés de la sorte par les chansons de Tsitsánis et de Kaldáras. Car à Tríkala, on s’éloigne sensiblement de cette doucereuse beauté orientale au comportement décousu, celle qui domine tant dans les quartiers de Thessalonique et d’Athènes.
Ce que l’on retrouve à Tríkala tient de la physionomie et de la carrure alors volontaires, cependant, le Trikalióte-type n’a pas tant l’esprit tourné vers le commerce ou la rapacité, encore moins vers la puissance et l’usure, car en ces lieux, la bravoure est orientée vers l’érotisme, vers les joies et les peines de l’amour et cela même parfois jusqu’à la débauche.
Au musée Tsitsánis. Tríkala, 2023
Les endroits où il pleut en abondance, rend les gens mieux introvertis. Et les gens dotés de répondant, alors ils flairent le monde, ils ressentent et même ils se souviennent toujours de tout avec émotion. Même si vingt-deux, vingt-trois, voire vingt-quatre ans se sont écoulés depuis”.
Vie… locale. Tríkala, 2023
* Photo de couverture: Jeunes de la ville. Tríkala, années 1950
Notes
- Léthé, Lithéos en grec moderne, littéralement la rivière de l’oubli, est le cours d’eau qui traverse la ville de Tríkala. ↩
- Stéphanos Saráfis, 1890-1957, originaire de Tríkala, fut un officier de l’armée hellénique ayant joué un rôle important pendant la résistance grecque procommuniste. Il trouve la mort près d’Athènes, fauché par une voiture sortie de la base de l’Armée américaine dans les quartiers sud de la capitale, et tout laisse penser qu’il s’agissait plutôt d’un assassinat masqué. ↩
- Áris Velouchiótis, 1905-1945, de son vrai nom Thanássis Kláras a été durant un moment à la tête de la branche armée de la résistance grecque communiste entre 1943 et 1944. Il fut l’une des figures les plus tragiques et les plus controversées de l’histoire grecque du XXe siècle. Proscrit en 1945 par le KKE, le PC grec, et piégé par les groupes paramilitaires de l’Armée gouvernementale, il s’est suicidé le 16 juin de la même année faisant exploser une grenade, pour ne pas être capturé. Les cadavres de Velouchiótis et de son second Léon Tzavélas ont été décapités, et leurs têtes par la suite exposées sur la place centrale de Tríkala les jours suivants. ↩
- Le texte date de 1981 et Vassílis Tsitsánis décède en 1984. ↩
- Ces élections législatives évoquées ici par Ioánnou, ont eu lieu le 29 octobre 1961 dans un climat de grande tension et d’incidents graves. Le gouvernement Karamanlís, puis les forces de l’ordre et l’armée, ont été accusés d’avoir perpétré un vaste terrorisme préélectoral au détriment des partis du centre et de la gauche, voire, d’avoir falsifié le résultat des élections via un plan nommé “Périclès”. La petite phrase du centriste George Papandréou d’après laquelle “dans ces élections, même les arbres ont voté” est depuis, restée dans les annales. ↩
- Comme le parti communiste grec avait été déclaré hors illégal en pleine Guerre Civile en décembre 1947 et cela jusqu’en août 1974, c’est le parti EDA, dit celui de la “Gauche Démocratique Unie”, qui regroupe l’électorat communiste entre 1951 et 1967, année de la dictature des Colonels en Grèce. ↩
- Ce que Yórgos Ioánnou exprime ici, c’est qu’en quittant Tríkala pour se rendre aux bourgades des environs, on ne quitte guère cependant, la Thessalie profonde. ↩
- Première grande gare de triage en Thessalie en remontant en train depuis Athènes ou en descendant vers le sud depuis Thessalonique. ↩
- Le fameux poteau en béton du lampadaire, où furent suspendues les têtes de Velouchiótis et de son second Tzavélas, a été largement… raccourci au début des années 1960 sur décision du maire de la ville de Tríkala. ↩
- Grigóris Lambrákis, né en 1912 dans le Péloponnèse, mort assassiné le 27 mai 1963 à Thessalonique, fut un médecin, athlète et surtout homme politique grec du parti de gauche EDA. Son assassinat a inspiré d’ailleurs le film “Z” de Costa-Gavras. ↩
- Soldat grec de la Guerre d’indépendance de 1821 à 1828, réputé pour sa bravoure, resté fidèle aux traditions nationales. Dire en Grèce de quelqu’un qu’est un palikare, est toujours synonyme d’un homme valeureux, courageux, vaillant et intègre. ↩