Aux Météores


L’hiver grec meurt vite cette année encore, d’après l’affirmation unanime du moment, paraphrasant de la sorte un espion talentueux et autant célèbre écrivain. Fin février au pays de Zeus et c’est déjà le Printemps, même sur les roches des éternels Météores. Les visiter en cette époque, nous évite d’ailleurs les foules coutumières de la pleine saison d’été. C’est exactement ce que nous avons fait, car la “Grèce Autrement” c’est d’abord pour tous les temps.

Aux Météores. Thessalie, février 2024

Et quant à notre… auteur du moment comme des lieux, il n’est autre que Patrick Leigh Fermor, né le 11 février 1915 à Londres et décédé le 10 juin 2011 à Gloucestershire, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Décédé il faut préciser, le lendemain de son retour en Angleterre depuis la Grèce, à l’âge de 96 ans.

Écrivain voyageur, il fut d’abord officier du SOE en Grèce durant la Seconde Guerre mondiale. Rappelons que le fameux “Special Operations Executive”, que l’on traduirait en français par “Direction des Opérations Spéciales”, était un service secret britannique lequel opéra pendant la Seconde Guerre mondiale dans tous les pays en guerre, dont en Grèce.

Sous couvert d’autres activités professionnelles, d’ailleurs le plus souvent concrètes, plusieurs hommes et quelques femmes, opéraient déjà en Grèce dans les années 1930 en plus des espions… recrutés en local. Notons que tous ces agents Britanniques, à l’instar il faut préciser des agents d’autres pays et notamment l’Allemagne, l’Italie et la France, ils ont été officiellement à leurs heures… perdues, entrepreneurs, archéologues, journalistes, enseignants et bien entendu diplomates. Et parfois même… touristes.

Ainsi, à part Fermor, Lawrence Durrell,1 l’autre écrivain britannique célèbre était également de la partie. Ce qui ne veut pas dire que leurs œuvres littéraires sont à négliger, souvent même bien au contraire.

D’après d’ailleurs la BBC, à l’occasion de son anoblissement en 2004 pour services rendus à la littérature et aux liens entre le Royaume-Uni et la Grèce… “Sir Patrick Leigh Fermor alors incarnait un croisement entre Indiana Jones, James Bond et Graham Greene”. Sans doute.

Patrick Leigh Fermor photographié par Joan à Nauplie vers 1950

En 1942, Fermor est parachuté en Crète occupée, entre autres missions, afin d’organiser la résistance armée aux troupes allemandes qui occupent l’île. En avril 1944, il participa activement à l’enlèvement du général allemand Karl Kreipe,2 action pour laquelle il a été par la suite décoré. En effet, Leigh Fermor et ceux de son commando réussirent à traverser toute la Crète avec leur otage de marque, poursuivis par les troupes allemandes, pour finalement l’embarquer à destination d’Alexandrie.3

Durant ces temps emplis d’action, Fermor observe tout, côtoie les Grecs, y apprend leur langue et enfin, il prend de nombreuses notes, lesquelles lui seront utiles également pour son travail d’écrivain et même de peintre, quelques années plus tard. Après-guerre il devient ainsi et dans un premier temps scénariste à Hollywood. Il écrit le scénario du film de John Huston “Les Racines du ciel” en 1958, tiré du roman de Romain Gary, avec Trevor Howard, Errol Flynn, Orson Welles et Juliette Gréco.

Il voyagera largement à travers le vaste monde… dont celui de l’Empire britannique et il rédigera son premier ouvrage, “The Travellers Tree”, en 1950, suivi de plusieurs autres livres situés entre le récit de voyage, l’aventure et l’ethnographie. Progressivement, Patrick Leigh Fermor passera la plus grande partie de l’année en Grèce et plus précisément à Kardamýli dans le Magne, accompagné de son épouse Joan Leigh Fermor qui était photographe, elle est décédée en 2003. Ensemble, ils avaient déjà parcouru une bonne partie de la Grèce après la Seconde Guerre mondiale, sauf que Leigh Fermor avait voyagé en Grèce dès les années 1930, et c’est à cette occasion qu’il avait visité pour une première fois les monastères des Météores.

Précurseur parmi ces voyageurs fortunés suffisamment aventuriers, tous annonciateurs du tourisme de masse mécanisé de l’après-guerre, Leigh Fermor découvrira encore ce que de la Grèce et des Balkans fut alors consubstantiel à la balkanisation, y compris pour ce qui relève des empires ayant tant marqué les hommes et les lieux, allant du monde hellénistique aux Ottomans, en passant par Rome et par la Byzance.

L’enlèvement du général allemand Karl Kreipe. Crète, avril 1944

Au cours de son périple le conduisant jusqu’à Constantinople, Fermor fut l’un des derniers voyageurs capables de se déplacer à travers les vestiges de la vieille Europe laissés par la Première Guerre mondiale ; les coutumes, les croyances, les dialectes étranges, les tribus cachées, les institutions curieuses, la religiosité mystique. Autrement-dit, avant leur disparition à jamais, car toutes ces “curiosités” ont été finalement largement balayées de leurs terroirs par la Seconde Guerre mondiale ou par la modernité à grands pas.

Certaines même seront sitôt placées dans un… panier labellisé “patrimoine”, avant qu’elles ne disparaissent derrière le rideau de fer pour les pays nouvellement communistes, ou sous une certaine occidentalisation rapide et écrasante pour ce qui est du cas de la Grèce.

Notons que la grande division de l’Europe déjà durant l’entre-deux-guerres quand Hitler était déjà au pouvoir depuis 1933, a personnellement frappé Patrick Leigh Fermor. Mais en quelque sorte… il s’est rattrapé en ces années-là par son amour byzantin.

Car en 1935 à Athènes, il rencontre et tombe amoureux de Balasha Cantacuzène,4 princesse et peintre appartenant à l’une des grandes dynasties de la Roumanie. Notons que les Cantacuzène sont issus d’une grande famille impériale byzantine.

Balasha Cantacuzène, photographiée vers 1930

D’après les infatigables chroniqueurs locaux de la région de Trézène et de l’île de Póros, à l’instar de Vassílis Koutouzís, c’était un coup de foudre. Balasha Cantacuzène avait alors 35 ans, elle était née en 1899, soit quinze ans de plus que le jeune Patrick… dans tous ses 20 ans. Elle venait d’ailleurs de divorcer de son mari, un diplomate espagnol.

Nous nous sommes rencontrés au bon moment et sommes tombés dans les bras l’un de l’autre ”écrira plus tard Fermor“. C’était instantané, nous étions faits l’un pour l’autre. Nous sommes partis ensemble et avons vécu cinq mois dans un moulin à eau du Péloponnèse. J’ai écrit, elle a peint. C’était le paradis !

Le moulin à eau dont Fermor n’a pas révélé la localisation était celui de Lázaros, au beau milieu de la forêt de citronniers de l’île de Poros, précise alors après enquête Vassílis Koutouzís. “Les habitants des lieux qui demeuraient… près des amoureux à cette époque, ont beaucoup à raconter y compris aujourd’hui sur cet amour”, notons ici que Vassílis Koutouzís écrit ces lignes en dans les années 2000.

Ils ressemblaient à deux petits oiseaux amoureux”, nous disent-ils. “Nous étions heureux de les voir, nous les aidions, nous leur rendions les services qu’ils demandaient”, nous raconte alors un habitant. “Ce grand jeune homme, au regard parfois abstrait, qui sait, réfléchissait à ce qu’il allait écrire”.

Et elle, une déesse alors âgée de 35 ans ! Qui a peint la cascade du moulin, les citronniers, les îlots face à Póros et le vieux Monastère. De là, il y avait une multitude de paysages sur lesquels travailler. Elle m’a même dessiné, mais je ne sais pas où se trouve ce dessin. Puis, ils sont partis pour la Roumanie ! Et nous étions bouleversés… Mais imaginez notre surprise quand, après 5-6 ans durant l’Occupation, Patrick est revenu en commando avec d’autres Anglais. Nous étions heureux de le voir ! Nous lui avons posé des questions sur Balasha, où est-elle, que devient-elle ? “Qui sait ?”, répondit-il et ses paroles cachaient de la tristesse”.

C’est à Bucarest, auprès de Balasha Cantacuzène que le jeune Leigh Fermor fait autant la découverte bouleversante d’un milieu francophile et aristocratique, également fréquenté par un écrivain et diplomate confirmé, Paul Morand,5 lui-même marié à une ancienne princesse roumaine.

D’ailleurs au même moment, entre les lignes de l’histoire comme de celles parfois de l’amour, moins de vingt ans après la Grande Guerre et en pleine tourmente économique puis politique du milieu des années trente, c’est ce même Paul Morand qui incite la France à raviver et à maintenir son amitié historique “avec une nation qui souffre depuis longtemps et qui, en tant que membre de la Petite Entente, est devenue un exemple éclatant de stabilité dans les Balkans”. Et quant à “l’observateur participant” Leigh Fermor avec tous ses références… à une culture condamnée de fait, parfois innommable, il écrira alors plus tard son élégie dédiée à un monde perdu.

En somme, le couple va passer une grande partie de ses quatre années ensemble dans le domaine familial de Balasha en Moldavie, en Roumanie, d’où Fermor est retourné en Angleterre immédiatement après que la Grande-Bretagne a déclaré la guerre à l’Allemagne afin de s’enrôler, mobilisé comme on sait comme commando et agent de renseignement, entre autres, grâce à sa connaissance du grec moderne et du pays.

Patrick Leigh Fermor, parachuté en Crète occupée, 1942

Balasha Cantacuzène s’est retrouvée par la suite coincée derrière le rideau de fer. Tout son patrimoine fut saisi par le régime de Nicolae Ceaușescu. Il a fallu plus d’un quart de siècle avant qu’elle et Patrick Leigh Fermor se revoient et d’ailleurs pour la dernière fois. C’était en 1965, quand sous son identité de journaliste il a pu enfin visiter la Roumanie. L’Europe qu’ils connaissaient avait disparu à jamais.

Voilà en somme pour ce qui est de l’époque, du temps des séjours de Leigh Fermor aux Météores, surtout pour ce qui est de son premier voyage, effectué au milieu des années 1930. Et comme par hasard… il n’était pas le seul. Du côté allemand aussi, un certain tourisme… disons du renseignement, se développe également à destination des Balkans.

Comme le fait remarquer Jean-Paul Goergen dans son travail historique sur les films de voyage allemands de la période, “la culture de la germanité comprenait également les voyages de longue distance, encore rares dans les années 1920, qu’il interprétait de manière nationaliste”.

Le désir de distances inconnues et tentantes est un trait germanique commun, mais pas chez n’importe qui. Dans toutes ses composantes, elle est devenue aussi puissante que le peuple allemand. Tout comme les voyages à l’étranger étaient considérés comme ayant une signification politique, les films de voyage l’étaient également, au service de la propagande économique et des intérêts nationaux”.

C’est dans cet ordre d’idées… de l’Ordre presque nouveau, que le Baron Fred von Bohlen, cinéaste et acteur présenta en 1931 son film de voyage automobile dans les Balkans “Kalambáka, Les secrets d’une Europe inconnue” [Kalabaka, Die Geheimnisse des unbekannten Europas], suivi en 1939 par la publication de livre album photos du même titre avec comme sous-titre : “Avec ma Voiture, mon appareil photo et moi seul, 20.000 kilomètres à travers les Balkans et à travers l’Iran”.

Un reportage par un pionnier du cinéma, enthousiasmé par “le riche butin de la caméra qui comprenait de nouvelles choses qui n’ont jamais été vues auparavant capturé”. Fred von Bohlen, lequel en ces années-là, dirigeait la section des documentaires culturels à la société de production Hegewald Film, se considérait comme un cinéphile amateur et un combattant solitaire. Dans une brève note autobiographique de 1930, il se présente comme son propre caméraman, guide, interprète, médecin et cuisinier qui entreprenait ses voyages sans préparation, sans grands moyens et en explorateur, et qu’il filmait ce qu’il aimait.

C’est en tout cas grâce aux séquences du film Fred von Bohlen de 1931 et plus précisément à partir de sa 55ème minute, que l’on découvre d’abord qu’entre le chef-lieu Tríkala et Kalambáka, la bourgade située sous les Météores, il n’y avait pratiquement pas de route, et que pour s’y rendre, von Bohlen a fait passer sa voiture par le lit de la rivière Pénée, évidemment en période plutôt estivale. La suite alors nous plonge dans l’univers des Météores et de leurs moines, celui très exactement vécu par Patrick Leigh Fermor lors de son premier passage. L’Europe… qu’ils connaissaient, désormais disparue à jamais.

Par la suite, ayant visité les lieux vers la fin des années 1950, cette fois-ci accompagné de son future épouse Johan, rien ou presque, n’avait encore changé chez les moines, hormis les drames de la Seconde Guerre mondiale en ces lieux, de 1941 à 1944, s’agissant entre autres des sauvageries de la Guerre Civile grecque des années 1944 à 1949, tristes réalités autant furtivement évoquées par l’auteur.

Entre-temps, la première route entre Tríkala et Kalambáka, certes étroite, avait été tracée vers la fin des années 1930, tandis que la chaussée menant de Kalambáka aux monastères fut aménagée en 1958 par l’armée grecque. C’est ainsi que pour nous visiteurs alors actuels, le recueil “Roúmeli” de Patrick Leigh Fermor, publié en anglais en 1966 et enfin traduit en français en 2019, brille par sa compréhension d’un pays qui échappe sinon au regard.

D’après une juste analyse,comme Jacques Lacarrière et son Été grec, Leigh Fermor saisit une nation en train de basculer dans la modernisation et le tourisme de masse. Une Grèce sans électricité mais solaire et qui laisse plus de place à l’obscurité. Que ce pays-là ait apparemment disparu, n’importe quel visiteur européen peut le dire et verser avec le plus parfait naturel dans la déploration et la nostalgie. Mais Leigh Fermor a vécu en Grèce et ne tombe pas dans l’odieuse position esthète préférant un dépouillement immaculé à l’allègement des souffrances d’un pays si pauvre”.

Relatant ses voyages en Grèce du Nord et comme le remarque son éditeur en français, Leigh Fermor nous entraîne parmi les Saracatsanes, bergers grecs des montagnes, dans les monastères des Météores, ces prodigieux pitons rocheux qui se dressent dans la vallée du Pénée, en Thessalie, dans plusieurs villages méconnus, et même à Missolonghi à la recherche des pantoufles de Byron.

On est ici au cœur du conflit de l’héritage grec, entre les splendeurs du monde ancien et les vestiges des civilisations byzantine et ottomane. Patrick Leigh Fermor voit même des traces plus archaïques encore qu’il interprète comme un historien ou un ethnologue. À l’instar de Mani, ce livre est considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature de voyage. Les observations qui jalonnent cette merveilleuse introduction à la Grèce du Nord n’ont rien perdu de leur pertinence.

Il faut dire que les pages de Roúmeli, consacrées aux Météores sont plus qu’éloquentes, dont voici quelques extraits.

Sous les Météores. Photographié de Joan Leigh Fermor vers 1960

L’été grec meurt lentement. Octobre se fondait dans novembre, mais seuls l’heure anticipée du crépuscule, le brumes soudaines, l’air frais des montagnes et l’embrasement des hêtres nous avaient laissé entendre, tandis que nous progressions de la Macédoine vers le flanc oriental du Pinde, l’automne et l’hiver étaient en bonne voie. Là, à l’endroit où le fleuve Pénée se déverse dans la plaine thessalienne et vagabonde en descendant dans son large lit caillouteux, les platanes n’avaient pas perdu la moindre feuille”.

Derrière nous se dressait le Pinde, la route se ramifiant abruptement vers l’ouest au-dessus du col de Métsovo jusqu’à Ioannina et l’Épire. Mais vers l’est, la campagne thessalienne s’étendait du pied de la montagne aussi mollement qu’une mer intérieure: on ne voyait pas les rivages lointains des monts Olympe, Ossa et Pélion dans le brouillard matinal de l’automne”.

Dans la frénésie de l’arrivée imminente à Kalambáka et parmi les cris stridents en valaque, alors que les migrants6 que transportait le camion rassemblaient leurs nouveau-nés, leurs volailles et leurs baluchons, les Météores sont passés presque inaperçus”.

Ce n’est qu’en nous rapprochant des rues de Kalambáka que nous avons pu admirer ces formidables pitons et cylindres rocheux qui s’élèvent perpendiculairement sur des centaines de mètres vers le ciel. Rien n’arrêtait la trajectoire verticale de l’œil, si ce n’est, ici et là, une insignifiante touffe de végétation qui se retroussait de la paroi rocheuse sur une unique tige; ou bien la traînée humide et droite du débordement d’une source, luisant comme le sillage de bave d’un escargot depuis les régions hantées par les aigles jusqu’aux environs d’un village tapi. Un immense fût de pierre se dressait juste au-dessus de nos têtes”.

À l’arrière-plan, séparés par des vallées remplies de feuillages, les piliers et les stalagmites reculaient dans un désordre aberrant, s’élevant, se courbant, se penchant et s’effilant pour former de fragiles piédestaux solitaires, au sommet de l’un d’eux, on discernait à peine la minuscule silhouette rétrécie du mur et du clocher d’un monastère, ou bien grossissant et se regroupant comme des cohortes silencieuses de mammouths à l’arrêt, en méditation à l’orée de la toundra”.

Sous les Météores. Thessalie, février 2024

Nous avons longtemps levé les yeux en silence vers le ciel. Même les Koutzovalaques, habitués à ce phénomène en raison de leurs migrations entre leurs villages d’été sur pentes du Pinde et leurs pâturages d’hiver en Thessalie, semblaient émerveillés. Ils n’ont baissé le regard qu’au cri d’un ami villageois qui faisait ce voyage d’un mois, par la route, avec les troupeaux du village. De fait, une marée de moutons en mouvement envahissait les rues, et l’air était empli d’une poussière d’or, de bêlements et de salutations à tue-tête dans l’étrange dialecte latin de ces bergers vêtus de noir”.

À l’assemblée de moustaches, de crosses et travers tissées à la main, à travers le moutonnement de la laine, un moine de grande taille s’est avancé. Il dépassait tout le monde de la tête et des épaules, et son chapeau haut-de-forme rehaussait encore sa stature de géant. Nous y voilà, s’est exclamé le chauffeur. C’est le père Christophe, l’abbé de Saint-Barlaam”.

Il s’agit bien de l’archimandrite Christóforos, que Patrick Leigh Fermor avait rencontré. Notons à son sujet, que l’archimandrite dans les Églises de rite byzantin et notamment l’Église orthodoxe, est un titre honorifique accordé aux higoumènes supérieurs de monastères ou aux popes de paroisses importantes.

J’ai localisé aux Archives régionales de Thessalie domiciliés à Larissa, l’ouvrage d’Ioannis Vlachostérgios, intitulé justement “Les higoumènes du monastère Varlaám 1517-2000”, ou Barlaam d’après une autre transcription, paru en 2011, lequel nous informe davantage sur l’archimandrite Christóforos.

Aux Météores. Thessalie, février 2024

Son nom de laïque était Charílaos Máïs. Il a été nommé higoumène à Varlaám par transmutation, depuis le monastère proche de Siamádes, situé dans le Pinde à une heure de route de Kalambáka, en septembre 1929. D’après les registres de Varlaám, Charílaos Maïs s’est présenté à son monastère d’origine en 1908, et il devient moine un mois plus tard.

En décembre 1930 son rattachement à Varlaám devient définitif, il sera depuis l’igoumène du monastère durant plusieurs périodes, entre 1929 et 1958. Nous n’avons guère de détails quant à son départ de Varlaám ou quant à son décès, on sait cependant que l’igoumène qui l’a succédé a été nommé en 1961. Christóforos était en fait Igoumène durant le premier séjour de Patrick Leigh Fermor aux Météores vers 1935, ainsi qu’entre 1958 à 1960, lors de son deuxième passage par ces lieux.

Pouvions-nous passer la nuit dans son monastère? Bien entendu, et même deux ou trois nuits. Il a confirmé son accord par une tape amicale sur mon épaule et, sur son long visage saturnien, un sourire a fait rayonner les poils drus de sa barbe hérissée en éventail. Une demi-heure plus tard, de part et d’autre de sa jument, nous nous dirigions vers l’ouest. Au pommeau de la selle étaient suspendues d’un côté une sacoche de provisions et de l’autre une bonbonne de vin entourée d’une clisse en osier”.

Aux Météores. Thessalie, février 2024

Au milieu, décontracté et à l’aise en selle, tirant des bouffées de sa courte pipe, marmonnant ou fredonnant à voix basse pour lui-même, chevauchait notre abbé hospitalier. Les salutations des paysans qui passaient, tandis que nous déambulions vers l’ouest, leur valaient des réponses malicieuses ou des plaisanteries de châtelain, et parfois un geste faussement menaçant, quand l’abbé ne les repoussait pas gaîment du bout de sa canne majestueuse”.

Les ombres s’élargissaient entre les gigantesques rochers et tout paraissait doux et doré dans le village suivant de Kastráki. Puis les dernières maisons ont disparu derrière nous et, tandis que nous contournions le vaste tympan central du conglomérat, une gorge profonde s’est ouverte devant nous, qui se rétrécissait et grimpait le long d’un gouffre entre les montagnes”.

Les murs blancs du monastère de la Transfiguration sont apparus sur une corniche, loin au-dessus de nos têtes, et bientôt la silhouette de Saint-Barlaam. Face à une telle hauteur et à une telle distance, j’ai senti mon cœur se serrer. Il paraissait impossible d’atteindre ce nid d’aigle… C’est alors que le soleil est tombé sous le contour dentelé du Pinde”.

Devant nous, les montagnes sont devenues gris-bleu, froides, menaçantes et tristes, et l’on eût dit que la moindre trace d’allégresse disparaissait du monde. Ces rochers à la Greco et à la Mantegna auraient pu tenir lieu de décor aux macérations de saint Jérôme dans le désert, à l’agonie au Jardin de Gethsémani ou aux étendues sauvages de la Tentation”.

À la tombée de la nuit, la route s’est insensiblement mise à monter. Au pied du piton rocheux de Saint-Barlaam, une immense cavité carrée, encombrée de broussailles et de pierres, se creusait dans le flanc de la montagne. La caverne du dragon a été prudemment aménagée sous le monastère, nous a dit l’abbé en nous l’indiquant du doigt, dans la pénombre, avec un rire placide et légèrement grinçant”.

La route s’est changée en une montée étroite et dallée entre d’écrasants volumes de roc; elle serpentait parmi les blocs de pierre et les platanes tordus avant de déboucher enfin sur un monde oblique d’où l’on n’entrevoyait plus la plaine par le moindre interstice”.

Scènes des enfers et du Jugement Dernier. Météores, février 2024

Nous étions désormais au cœur de cette géologie improbable. Mais un tournant du chemin nous a fait sortir de notre labyrinthe jusqu’à ce que nous découvrions le plus brillant des clairs de lune; les montagnes ont soudain perdu leur côté menaçant et leur pesanteur. Tout était argenté, léger, magique et miraculeusement silencieux. Les platanes étaient aussi immobiles que les précipices étincelants eux-mêmes, comme si chacune de leurs feuilles avait été extraite d’un métal précieux, laminée et attachée avec un fil aux branches d’argent”.

À des dizaines de mètres plus haut, la plate-forme d’accueil de Saint-Barlaam et les tuiles en saillie de sa corniche s’avançaient dans le clair de lune comme la proue d’un galion, à laquelle, pareille à une ancre à l’extrémité de sa chaîne, était suspendu un formidable crochet. Les parois lisses de l’à-pic étaient non seulement perpendiculaires, mais incurvées vers l’extérieur à plusieurs endroits, surplombant leur base, et aussi dépourvues d’arêtes ou de prises que la montagne de cristal d’un conte de fée. Tout en haut, dans le vide, la structure du monastère débordait de son piédestal monolithique dans un cercle de murs en saillie, d’auvents et d’étages”.

L’abbé a tiré sur les rênes et poussé un rugissement, Bessarion ! a-t-il crié, et l’écho des syllabes s’est répercuté en mourant jusqu’au fond de la vallée. Loin au-dessus de nos têtes, sur la corniche du monastère, un visage pâle à lunettes a jeté un coup d’œil par-dessus la rampe d’une maisonnette et un salut à peine audible est parvenu jusqu’à nous à travers les airs. Fais descendre la corde et viens t’occuper de la jument, a lancé l’abbé d’une voix tonitruante. Le crochet a mis deux minutes pour nous rejoindre en pivotant sur lui-même tandis que filait le gros câble en acier. Avant qu’on ne creuse des marches dans la roche en 1932, il n’y avait pas d’autre moyen d’accéder au monastère”.

La scènes des animaux. Météores, février 2024

À l’époque, le visiteur devait s’accroupir dans un filet dont les mailles les plus hautes étaient fixées au-dessus du crochet, si bien qu’il flottait doucement dans le vide, s’enroulant et se déroulant, quand on le hissait lentement jusqu’à la plate-forme à l’aide d’un treuil. À son arrivée, on attrapait le filet avec une gaffe pour l’abaisser sur la terrasse et relâcher le passager. Pour cette opération, on recourut pendant des siècles à une corde aussi grosse qu’un poignet d’homme. Un ancien abbé à qui l’on avait demandé tous les combiens on la remplaçait avait répondu, paraît-il : Uniquement lorsqu’elle se rompt…

Quand le père Christophe a tourné la mèche d’une lampe à huile, je ne me suis qu’en partie rappelé les détails de la chambre d’hôte où j’avais passé quelques jours quatre ans avant la guerre: le bureau où était posée une coupe en verre remplie de cartes de visite de prêtres, de prélats et de byzantinologues de passage, le canapé sous la fenêtre, l’estampe russe décolorée d’un panorama de Jérusalem. Il semblait curieux qu’une chambre aussi humaine et accueillante, éclairée par la lumière dorée d’une lampe, puisse exister à des hauteurs si hostiles et constamment balayées par le vent”.

Mais frère Bessarion n’a pas tardé à couper des tranches de pommes et de fromage de chèvre pour composer un mézé destiné à agrémenter l’ouzo dont l’abbé remplissait nos verres minuscules dès qu’ils étaient vides; lorsque nous nous sommes assis tous ensemble pour un modeste diner de fèves, il a débouché la grosse bonbonne. Les deux moines ont à peine eu le temps d’allumer leurs pipes que nous étions déjà plongés dans une conversation sur la guerre, les problèmes de la Grèce et la décadence du monachisme orthodoxe”.

L’hagiographie la plus osée en termes de nudité féminine. Météores, février 2024

Ils formaient un contraste intéressant: le timide tout petit Bessarion, avec sa soutane effilochée et sa calotte aplatie, un regard empreint d’une bienveillance enthousiaste derrière des culs-de-bouteille; et la grande stature de l’abbé, ses coups d’œil malicieux et pleins d’humour, avec, sur le mur l’ombre gigantesque de ses traits minces et sardoniques, entouré d’un nuage de fumée. Son propos était pénétré de verve et de sagesse universelle”.

Sa famille comptait des prêtres à Kalambáka depuis des siècles. Ayant dérogé à cette succession traditionnelle au sein du clergé séculier, il s’était fait moine à Saint-Barlaam à l’âge de trente-deux ans; on l’avait alors ordonné diacre et prêtre, puis promu aux titres d’archimandrite et d’abbé trois mois plus tard, ce qui paraissait singulièrement rapide. Il avait soixante-seize ans à présent et n’avait jamais été malade plus de quelques jours au cours de sa vie”.

Le remède qu’il préconisait en cas de rhume et de poussée de fièvre était infaillible, affirma-t-il: il lui suffisait de passer cinq jours en haut des en compagnie des troupeaux qui appartenaient au monastère, de boire du vin en quantité illimitée et de dormir chaque nuit dans une hutte de berger faite de branchages pour se sentir à nouveau aussi fort qu’un géant, a-t-il assure en tendant ses mains immenses dans le geste de Samson embrassant les colonnes de Gaza”.

Aux Météores. Thessalie, février 2024

Il espérait que frère Bessarion lui succéderait à la tête de l’abbaye. Tout en caressant le majestueux matou écaille de tortue qui somnolait sur ses genoux, il y en avait deux dans le monastère, Makrý, qui ronronnait à présent, et une petite femelle noire au museau blanc, avec un ruban rouge autour du cou, qui s’appelait Marigoúla, il a décrit les lieux en hiver, lorsque les montagnes sont recouvertes d’une épaisse couche de neige que des stalactites se forment à l’extrémité des boiseries en saillie. Certaines mesurent plusieurs mètres de long e atteignent plus de cinquante centimètres d’épaisseur. Quand commence le dégel, elles se détachent et dégringolent dans la vallée en retentissant comme des coups de canon”.

Par en dessous, la lueur des bougies jetait des ombres bizarres sur les traits cireux de Bessarion et creusait nettement et profondément les orbites oculaires, la forte arête nasale et le front plissé d’un air perplexe du père Christophe quand, un encensoir à la main, ce magnifique colosse aux splendides habits sacerdotaux usés jusqu’à la corde est apparu derrière l’autel. Sa voix grave répondait par des grognements à celle, plus aiguë, de Bessarion. Lors d’une pause au cours de la liturgie, le diacre a fait pivoter le lutrin pyramidal sur son axe, puis il a tourné les pages et commencé à entonner le panégyrique de saint Démétrios”.

Makrý, le matou, s’est glissé lentement et furtivement dans l’église où il est monté sur le jubé; la lumière provenant de la voûte centrale projetait son ombre allongée et solennelle sur les dalles. Avec agilité, il a bondi sur la haute table octogonale, incrustée de nacre, où était posé le lutrin; après avoir soigneusement enroulé sa queue autour de sa taille, il s’est assis pour contempler page. Sans interrompre sa psalmodie, Bessarion a repoussé de la marge la patte levée du chat. Tout en continuant à chanter, il a délicatement caressé la petite tête écaille de tortue pendant que se déroulait sans hâte la longue liturgie”.

La position stratégique du monastère de Saint-Étienne. Années 1946-49

Le monastère de Saint-Étienne est le plus accessible des Météores; c’est pourquoi ce fut sans doute le premier de ces formidables rochers à accueillir un ascète, un ermite du XIIe siècle nommé Jérémie. Un sentier pavé et escarpe nous a conduits obliquement; sous une voûte sombre, de ’entrée à la cour intérieure. À l’exception du moine assez jeune qui avait répondu à notre appel lorsque nous avions tiré sur la sonnette, l’endroit semblait désert”.

L’Église de Saint-Charálambos, qui date de la fin du XVIIIe siècle, nous a paru singulièrement dépouillée et vide après les tumultueuses fresques auxquelles nous nous étions habitués”.

Le père Ánthimos était abbé depuis plusieurs années ; son visage bienveillant s’illuminait au moindre éloge de son monastère. Vers la fin du dîner, il nous a raconté que, pendant le conflit, quelques années avant notre visite, le monastère avait été attaqué par un groupe de francs-tireurs de l’ELAS, du fait peut-être de la présence d’un piquet de trois Feldgendarmes dans les bâtiments”.

Les envahisseurs commencèrent par faire sauter le portail en fer, près du pont, au moyen d’un bazooka. Puis ils se précipitèrent en mass à l’intérieur, s’emparant de deux Feldgendarmes dont ils tranchèrent aussitôt la gorge. Le troisième traversa l’espace ouvert à l’extérieur du monastère pour se jeter dans le précipice, mais, touché par un tir de fusil, il connut le même sort que ses compagnons”.

La position stratégique du monastère de Saint-Étienne. février 2024

L’abbé fut dépouillé de ses vêtements et tabassé; on lui fracassa une jambe d’un coup de crosse de fusil, et son pied resta tordu à un drôle d’angle. Au demeurant, cette épreuve lui avait de toute évidence laissé d’autres séquelles. Avec une serviette, il s’est tamponné l’œil à la dérobée une fois qu’il eut fini de raconter son histoire! Puis, sans pratiquement marquer de pause, il a entamé un long récit sur l’origine de la légende du mauvais œil à l’époque où Salomon construisait le grand Temple de Jérusalem”.

Saint-Étienne est le Météore le plus à l’est; du pied de son rocher, la plaine thessalienne s’étale vers l’Orient sur une étendue qu’aucune éminence n’interrompt. Vue depuis la corniche du monastère le lendemain matin, elle paraissait interminable. Ses limites orientales étaient le repaire des centaures et des Myrmidons d’Achille, et Trikala, invisible au bout de la route inexorable et des boucles du fleuve Pénée, envoyait ses contingents à Troie. Cette plaine a toujours été un champ de bataille. César vainquit Pompée sur ses frontières méridionales, les Byzantins la parcoururent dans les deux sens, les Bulgares l’inondèrent d’un flot de Slaves, et les Valaques y proliférèrent”.

Voilà donc pour une petite partie de ce que Leigh Fermor raconte de sa visite aux Météores. Près de 65 ans plus tard, en février 2024, en saison justement dite “basse”, nous avons pu discuter longuement avec un moine des lieux et autant docteur en Théologie, ce qui durant l’été devient impossible, tant ces monastères-musées sont désormais envahis par les foules de touristes.

Aux Météores. Thessalie, février 2024

Il avait certes entendu parler de Charílaos Maïs, devenu l’igoumène Christóforos, mais il n’était pas au courant… de l’histoire de Makrý, ni de celle de Marigoúla. Je lui ai fait part des anecdotes relatées par Patrick Leigh Fermor, il n’a guère apprécié la présence des matous au beau milieu des messes. “Ces animaux sont certes bénis mais ils ne font pas preuve de Logos, donc ils ne peuvent pas y participer, en somme communier. Et actuellement à Varlaám il n’y a plus un seul matou à l’intérieur du monastère”. “J’en avais vu pourtant il y quelques années”, ai-je fait remarquer. “Oui, répondit-il, mais comme certains n’en voulaient pas de leur présence, nous les avons seulement tenus à l’extérieur des murs”.

Comme d’abord… certains n’en voulaient pas, voilà sans doute pour la suite… galopante de la modernité ou sinon de l’occidentalisation rapide pour ce qui est du cas de la Grèce, monastères alors visiblement compris.

Et quant au monastère de Saint-Étienne, Agios Stéphanos en grec, le plus accessible des Météores il se peut que les malheureux gendarmes auraient pu être Grecs et non pas Allemands et que l’épisode ou plutôt leur meurtre, serait à ranger dans la macabre “anthologie” des faits et gestes de la Guerre Civile.

Campement de l’armée régulière sous les Météores. Années 1946-49

En tout état de cause, la ville de Kalambáka a connu plusieurs jours de terreur communiste pendant le vide laissé par le retrait des troupes italiennes en automne 1943, quand elle est tombée sous le contrôle des forces locales de l’ELAS, l’armée des partisans communistes. Terreur, laquelle par la suite a même été désavouée par le PC grec et certains des chefs locaux du parti punis, c’est-à-dire exécutés.

Et lorsque les hommes de la Wehrmacht ont investi la bourgade, suite aux actions des partisans, ils ont fini par brûler Kalambáka à près de 80%. Ensuite, durant le prolongement de la guerre civile jusqu’en 1949, l’armée régulière faisant face au contingent communiste, a installé son campement, justement sous les Météores, comme elle a posté de nouveau ses gendarmes devant la position stratégique qu’est celle tout simplement du monastère de Saint-Étienne.

Ailleurs dans son texte, que les lecteurs de son livre apprécieront largement, Patrick Leigh Fermor fait état de l’hagiographie des monastères, des scènes des enfers et du Jugement que l’on dit Dernier, ainsi que de cette belle fresque des animaux, au monastère de Saint-Nicolas Anapafsás. Il n’évoque cependant pas cette rarissime hagiographie et en réalité peinture des Protoplastes datant du 16e siècle, à ma connaissance, l’hagiographie la plus osée en termes de nudité féminine… évidente à travers l’espace grec.

Les Météores de Thessalie et le Pinde. Œuvre de Louis Dupré, 1789-1837

Fort-heureusement, les travaux de rénovation et de restauration réalisés en ce moment par des spécialistes de haut niveau nous ont ainsi permis de mieux revoir de tels chefs-d’œuvre.

Tout comme nous avons pu monter les… Météores cachés à nos heureux participants de “Grèce Autrement”… mais c’est toute une autre histoire à découvrir.

L’hiver grec meurt alors vite encore cette année. Du côté des éternels Météores les visiteurs hors saison auront autant apprécié les chats adespotes des lieux, y compris ceux… indétrônables désormais en dehors des murailles du monastère de Varlaám.

Des épigones sans doute de Makrý et de Marigoúla… Dieu merci !

Des épigones de Makrý et de Marigoúla. Varlaám, février 2024

* Photo de couverture: Aux Météores. Thessalie, février 2024



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Notes

  1. Lawrence Durrell, né le 27 février 1912 à Jalandhar dans les Indes britanniques et mort le 7 novembre 1990 à Sommières en France, est un écrivain britannique. 
  2. Karl Heinrich Georg Ferdinand Kreipe, né en 1895 à Niederspier et mort en 1976 à Northeim, est un général de division allemand de la Seconde Guerre mondiale, chevalier de l’ordre de la croix de fer en 1941. Il est principalement connu pour avoir été enlevé par le SOE britannique avec l’aide de la résistance grecque en avril 1944. 
  3. Cet enlèvement eut cependant des répercussions sur les Crétois. Le général Allemand Müller, ordonna sitôt l’exécution de tout homme présent au village d’Anógia à la suite de plusieurs opérations de résistance, dont notamment l’enlèvement du général Kreipe.
    Cette opération inspirera en 1957 le film “Intelligence Service” aux réalisateurs britanniques Michael Powell et Emeric Pressburger. Dirk Bogarde incarna le rôle du commandant Paddy qui fut le surnom de Leigh Fermor et David Oxley, celui du capitaine William-Billy, autrement-dit, de Stanley Moss. 
  4. Princess Balasa Marie Blanche Cantacuzène, 1899-1976,
    ou Princess Balasa Cantacuzène de Baleni.
    Un aperçu de la princesse Balasa Cantacuzène de Baleni. 
  5. Paul Morand, né le 13 mars 1888 à Paris 8 et mort le 23 juillet 1976 à Paris 15e, est un écrivain, diplomate et académicien français. 
  6. Ici la traduction en français est plutôt trompeuse. Au lieu du terme “migrants”, il faut plutôt adopter l’expression “semi-nomades”, s’agissant en somme des populations Valaques, Grecs latinophones et des Saracatsanes, Grecs des montagnes, lesquels effectuaient deux fois par an et dans les deux sens, la transhumance de leurs troupeaux et de leurs familles entre les hauteurs du Pinde et la plaine de Thessalie. Vu le contexte actuel… largement immigrationniste, le lecteur présent, surtout jeune, peut alors interpréter autre chose, allant même jusqu’à l’anachronisme. Pourtant un peu plus loin dans le texte, tout est bien expliqué par l’auteur. 

Un commentaire

  • Chazelas

    Un bel article qui reflète toute la richesse des excursions de "Grèce Autrement" !
    Très heureux participants en ce mois de février, en effet ! Inoubliables Météores avec la sérénité et le charme en plus hors saison, mais aussi de nombreuses découvertes, anecdotes, rencontres et l'Histoire racontée avec passion de l'Antiquité à nos jours.
    Bravo pour votre compétence et votre professionnalisme et merci pour votre générosité et votre gentillesse Panagiótis !

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