Temps morts


En Grèce, le premier jour de mai est profondément lié à la floraison de la nature, à la fécondité de la Terre, à la fin… irrévocable de l’hiver et à l’accueil des journées ensoleillées et chaudes qui suivent.

Temps… présent. Méthana, Péloponnèse, mai 2025

Disons que chaque 1er mai, puise ses racines dans l’Antiquité. Ce mois charnier, était dédié à la déesse Déméter et surtout à sa fille Perséphone, divinité plutôt chthonienne, car elle passe d’après la légende, huit mois sur Terre, puis quatre autres durant l’hiver au sein du royaume souterrain chez Hadès, son mari et maître des Enfers qui l’a kidnappée du monde des vivants.

En Grèce contemporaine, de nombreuses coutumes du 1er mai demeurent inchangées au fil du temps, comme d’abord l’assemblage de la couronne du jour, à partir de fleurs que les gens coupent eux-mêmes dans les champs et dans les jardins fleuris.

Puis, les stéréotypes à la peau touristique bien dure, pour ne pas dire autant épaisse, insistent sur le beau temps grec, celui voyons, que l’on suppose même garanti dès le mois d’avril. Les voyagistes le répètent d’ailleurs à souhait :

Bóbos, chat parmi les matous adespotes du port. Méthana, mai 2025

Les mois de mai, juin et septembre sont les meilleures périodes pour visiter la Grèce. Les températures sont douces et les foules estivales sont reparties”.

Au 1er mai donc, à l’extrême nord-est du Péloponnèse, sur la presqu’île de Méthana, le vent du nord fort et frais, dépasse, pour ne pas dire qu’il balaye, tous les stéréotypes en la matière. Près d’une cinquantaine de voiliers loués à la semaine, essentiellement par des touristes venant de Roumanie, y ont trouvé refuge, dans le port… faute de mieux.

Les cafés côté terrasse sont vides, de même que les terrasses des tavernes, les rares clients alors s’installent dans les salles à l’intérieur des établissements, mais ces dernières elles sont mal adaptées et surtout insignifiantes, car en ces lieux, tout est spéculé et agencé autour du supposé été grec, celui que l’on dit éternel. C’est pourtant parfois raté !

Temps… gris. Méthana, Péloponnèse, mai 2025

Notons que Méthana, comme son toponyme l’indique, est un lieu volcanique avec plusieurs sources chaudes, un volcan actif et près d’une trentaine de cratères. Les Thermes y sont connus depuis l’Antiquité, et elles ont vu leur premier établissement de bains moderne, construit à l’aube du siècle passé.

La localité fut pour cette raison fréquentée par les classes mondaines de jadis, et cela jusqu’aux années 1960. Ces bains au charme il faut dire bien désuet, sont fermés car le gérant a fait officiellement faillite il y a près de dix ans, cependant, on peut se baigner dans une anse de mer toute proche près de la marina, où l’eau chaude se déverse.

Cette eau de Méthana, fortement sulfureuse et de couleur turquoise laiteuse, est par moment à environ 38-40°C, mais se déversant en mer, elle subit de fortes variations et ce thermalisme disons libre, n’est guère toujours garanti. Surtout en ce moment, car depuis une semaine, un temps froid… fait revivre en ces lieux, des températures dignes d’un mois de février.

Nos visiteurs Roumains. Méthana, Péloponnèse, mai 2025

Pendant que nos visiteurs Roumains se baladent sur la corniche, histoire de se réchauffer, notre pêcher accoste pour y vendre ses poissons. Il a failli ne pas prendre la mer ce matin, tant il y a eu du vent et des vagues, mais finalement il a été récompensé.

Nous aussi, car en cette saison… encore morte, tout comme d’ailleurs refroidie, le prix du poisson n’atteigne pas les sommets de la période estivale. En tout cas, Bóbos, beau chat parmi les matous adespotes du port, est comme prévu au rendez-vous et il en profite autant!

Puis, et de toute manière, les skippers Roumains et leurs équipages, n’achètent guère de son poisson frais. Les patrons des tavernes se plaignent également, car ces touristes du deuxième millénaire, voire, du dernier millésime de l’UE en crise, s’approvisionnent de préférence auprès de la supérette locale, point barre !

Temps… mort. Méthana, Péloponnèse, mai 2025

Et même, c’est pour y acheter des packs de bière à prix cassé, de l’ouzo, du salami industriel allemand et du fromage néerlandais à 7€ le kilo, quand notre féta… hellénocentrique, est désormais vendue au détail à plus de 10€ le kilo.

En début de semaine et avant l’arrivée de la flottille aux Roumains, les passagers d’un autre grand voilier ainsi que de deux à trois catamarans, y faisaient de même. Ils achetaient de la même manière leurs approvisionnements à la supérette, sauf que souvent ces gens étaient accompagnés… car ils ont débarqué en fauteuils roulants, certains sans jambes, d’autres sans bras.

Les habitants de Méthana, ainsi que les employés de la supérette n’y croyaient pas à leurs yeux, tous ces… skippers ou assimilés, étaient des hommes jeunes, mais pour tout dire estropiés. Et voilà l’explication, ils étaient tous des Ukrainiens… supposés admirateurs de Zelensky.

Les rares clients. Méthana, Péloponnèse, mai 2025

Une ONG s’occupant d’eux, a eu donc l’idée que de faire découvrir ou même redécouvrir à ces malheureux soldats d’hier, la Grèce en voilier. Ce n’est pas la mer à boire, et pourtant. Visages alors tristes en ce début de semaine… et c’est le moins que l’on puisse dire, pour un temps européen… visiblement mort.

Mais profitant d’une brève accalmie, leurs voiliers ont déjà regagné les ports de départ près d’Athènes, ce que les Roumains s’apprêtent à faire à leur tour, même si certains parmi eux, iront abandonner leurs voiliers de location au port de Méthana pour rentrer par le ferry du lendemain, à destination du Pirée.

Dans pareils cas, ce sont les skippers des compagnies de location qui seront dépêchés sur place afin de récupérer les bateaux. Temps toujours agités !

Temps… de saison. Méthana, Péloponnèse, mai 2025

Ceci, encore une fois, en attendant la floraison de la nature, la fécondité de la Terre et le calme de la mer si possible, voire, la fin définitive de l’hiver et l’accueil des journées ensoleillées et chaudes qui finiront par suivre sous peu, d’après la météo.

Stéréotypes toujours en encore, surtout lorsqu’on peut assurer que les déserts ontologiques de cette Grèce touristique, révèlent sinon un pays hors temps, sans passé, ni présent, ni même avenir ; un espace unique et vide où le surplace est de mise, au besoin arrosée de bière et de musique à bien piètre voltage, la météo rétrograde en plus.

Il est des voyages dont on ne revient, paraît-il pas. En Grèce, comme ailleurs!

Il est des voyages dont on ne revient pas. Méthana, mai 2025

* Photo de couverture: Retour au port. Méthana, Péloponnèse, mai 2025



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